mardi 3 janvier 2017

FEIGNONS D’EN ETRE L’ORGANISATEUR

C’est une citation de Jean Cocteau qui est désormais le leitmotiv des politiques de tout bord

Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur

C’est assez clair et j’y pensais ce matin en lisant Sud-Ouest qui s’émerveille de l’augmentation démographique de la « Nouvelle Aquitaine ». Premier point, cette Aquitaine n’est nouvelle que pour ceux qui ne savent rien de l’Histoire. Elle correspond, peu ou prou au Duché de Poitiers au XIIème siècle. Y’a plus nouveau, sauf pour Rousset qui est moderne et fait du nouveau avec de l’ancien.

En lisant ça, je pensais au vieux Xavier de Planhol, l’un des plus intéressants géographes français que plus personne ne lit car il était plutôt de droite et être caractérisé « faf », ça condamne une pensée, même si elle est intéressante et structurée.. Nous sommes aux temps où l’étiquette suffit pour parler.

L’un des thèmes de recherhe de de Planhol, c’était la naissance des villes au Proche-Orient, leur développement et leur capacité de polarisation, c’est à dire de structuration d’un territoire. Doit on dire que c’est un sujet parfaitement actuel dont certains géographes font leur miel sans jamais citer de Planhol. S’appuyant sur le données géographiques, de Planhol décrivait très tôt des migrations saisonnières, des bouts de population qui allaient dans les montagnes du Liban chercher la fraicheur l’été. Un pré-tourisme, 2000 ans avant notre ère.

Ces migrations ont continué avant de culminer au XIXème siècle dans la fréquentation balnéaire des « têtes couronnées ». Sissi la tubarde sur la Côte d’Azur, Napo et sa montijotte à Biarritz. Quand ces gens là se déplacent, leurs copains viennent leur rendre visite. Leurs copains mais aussi tous les lèche-culs qui ne peuvent s’éloigner du pouvoir. Attention : ils ne viennent pas lécher les culs, ils viennent pour d’excellentes raisons rabachées à l’envi par les hygiénistes. La douceur du climat, le soleil qui tue les bacilles, l’air marin qui décrasse les bronches. Que le soleil favorise le mélanome, ils le savaient pas. Ils savaient pas tout, mais ça allait.

Après, y’a plus qu’à attendre. Les lèche-culs, ils continuent à venir vu qu’ils ont acheté la maison pas loin de la tête couronnée, et puis leurs enfants viennent pour rentabiliser l’investissement, puis leurs petits enfants, qui finissent par t’expliquer qu’ils sont d’ici alors qu’ils votent à Neuilly. Lèche-culs, radins, menteurs, ça fait de belles générations pour le CAC 40. Année après année, le stéréotype gonfle et embellit, le cadre fait comme son patron et achète une villa en banlieue du balnéaire pour pouvoir lécher le cul à son tour. Bon, on s’éloigne un peu du palais d’origine  mais si tu vas à Soorts tu peux toujours affirmer aller en vacances sur la Côte basque. Y’a que moi qui râle, ça va pas bien loin.

Le tropisme est en marche. Les vacances, c’est au Sud, pas au Nord. La retraite emboite le pas. La population gonfle, plus exactement, elle fait de la gonflette, les populations allogènes ou exogènes agissent comme les endorphines chez les haltérophiles.

Le politique local, il voit ça, il éructe « Qu’est ce que je suis bon, ils viennent chez moi ». Il refuse de voir qu’il peut faire n’importe quoi, comme construire une grosse merde sur la Grande Plage à Biarritz, le mouvement n’en sera pas inversé.

L’action des politiques compte moins que la vision mise dans la tête par les médias, vision toujours simplificatrice ou simplifiée, amplifiée par les hordes de couillons de base qui balbutient leur bonheur d’être venus dans ce quasi-paradis. Parenthèse : après trente ans de tourisme, je continue de constater que personne, jamais, n’affirme s’être trompé sur le choix d’une destination et avoir passé des vacances de merde.

Et donc, les politiques font semblant d’avoir organisé une croissance qui ne leur doit rien. Alors qu’ils ne font rien et poursuivent leur aménagement basé sur un état des lieux obsolète ce qui explique que les plans de circulation ou l’aménagement des parkings ne tiennent jamais compte des variations saisonnières, ni des prévisions de croissance. Ne parlons pas des réseaux d’épuration ou de la politique culturelle.

Avant de voter, pensons y. Aurons nous des candidats avec une vision intelligente, structurée, cohérente, ce qui signifie aussi une vision limitative car aucune croissance, jamais, ne s’est poursuivie ad libitum.

C’est une simple question d’équilibre. On ne peut imaginer une croissance démographique basée sur le bétonnage du littoral.

En fait, on ne peut imaginer une politique dont le maître mot est « feignons ».


Parce qu’on ne feinte pas avec le réel.

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