samedi 4 juillet 2015

LES BAS RESILLES

Le mec, je l’aime bien vu que c’est mon frère…Il est en train de m’expliquer que rien ne l’excite plus que les dessous chics chantés par Gainsbourg.

Et moi, je ne comprends rien. Ma logique refuse. Comment peut on changer de désir pour trois bouts de tissu noir (ou rouge)? En quoi les guépières, bas résille ou porte-jarretelle peuvent ils me modifier ainsi ? C’est stupide parce que ça sous-entend qu’une autre femme harnachée des mêmes oripeaux peut m’exciter autant que celle que j’ai choisie ? Et donc, en toute logique, ce qui m’excite, ce n’est pas la femme mais le tissu. Idée que je ne peux pas accepter.

Certes, le tissu souligne, corrige, améliore, mais de façon temporaire. C’est un leurre, comme les emballages au supermarché. Puis je accepter de me faire leurrer ? Les stylistes seraient ils des matadors chargés de leurrer le toro que je suis ? Non. Ce sont juste des emballeurs de boudins. Essayez. Regardez une photo du si gracieux Yves Saint-Laurent et pensez que vous regardez un emballeur de boudins. Vous verrez, ça relativise.

Je n’aime la femme que nue.. Totalement et absolument, sans même la fleur d’Olympia. Mais, me bêle mon contradicteur, le corps a des imperfections. Certes. Comme certaines interprétations d’Hélène Grimaud ou la voix de Callas, parfois. L’imperfection est consubstantielle à l’œuvre d’art. Et le plus souvent, c’est l’imperfection qui me fait craquer, la cicatrice mal gommée, le pli apparu où il ne devrait pas être, le duvet oublié, le sein trop lourd. Tout ceci est secondaire face à une harmonie qui se moque des kilos superfétatoires. Les dessous chics n’inventeront jamais le subtil contraste entre une peau parfois trop blanche et la noirceur d’une touffe touffue et triangulaire. Cette noirceur qui marque l’origine du monde. N’oubliez pas : ce n’est pas l’anatomie qu’on a reproché à Courbet. C’est la pilosité.

Je ne l’ai pas convaincu. Des années de représentations stéréotypées (Félicien Rops), des milliers d’images l’ont définitivement convaincu que l’emballage est pertinent que la guêpière recèle des fantasmes insoupçonnés alors que le fantasme est en lui, à lui.

Ne nous leurrons pas. Il en va de même pour les parfums. Ce que je recherche, c’est l’odeur originelle(en latin on dit sui generis), celle qui n’appartient qu’à une seule femme, celle qui fait que je la reconnaitrais les yeux fermés (Gassman dans Parfum de Femme). Tant qu’à utiliser son intellect pour bander, autant le faire correctement.

Tout le système de la mode fonctionne ainsi. C’est une corrida. On attire l’attention de la bête sur des points secondaires et insignifiants. Tu a une belle robe. Ouais, mais ça ne change pas le mollet en ventre de lapin, même si ça le dissimule. Il est préférable d’aimer les mollets lourds que de les débusquer in fine.

L’admirable diversité de la féminité assure à chacun la garantie de trouver son bonheur sexuel. Sans afféteries, sans oripeaux, sans stéréotypes. Il est inutile de chercher une perfection qu’on ne peut pas offrir, ni même trouver.

Parce que, bon Dieu, laisser un bout de tissu conduire ses pulsions ou ses désirs, c’est vraiment très con. C’est laisser un autre prendre le contrôle de tes neurones.

On en reparlera…

PS : c'est bien de la géopolitique. C'est comme ça que fonctionne l'une des activités économiques les plus lourdes de notre monde capitaliste.Faire bander à Gap et fabriquer à Dhaka.

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