lundi 5 janvier 2015

L’ESPOIR

C’était une sympathique discussion avec André Labarrère et quelques amis communs. Sympathique discussion autour du passage du Somport et des manifs qui, à l’époque, opposaient partisans et adversaires.

Je n’avais pas vraiment d’idée. La réflexion était simple, basique et géographique. Pau, à mes yeux, n’avait plus d’avenir. Rattachée administrativement à Bordeaux, sans le moindre lien autoroutier avec sa capitale, ville pyrénéenne qui regardait vers Toulouse mais ne pouvait rien en attendre, la ville avait perdu le siège social de la SNPA devenue Elf et n’était plus rien d’autre qu’une grosse ville agricole puisque Lacq s’épuisait et que l’avenir industriel était sombre. En regardant le relief et les voies de communication, il m’apparaissait évident que la liaison avec Saragosse par le Somport n’avait aucun intérêt. Un routier choisirait toujours la voie de Pampelune qui conduisait à la côte et était de meilleure facture. En face, les arguments sur l’ours étaient plus que douteux. Pourquoi tant de haine pour si peu de choses ?

André Labarrère gardait son fin sourire. Il finit par me dire à peu près ceci : « Vous avez peut être raison, mais je suis un homme politique. Mon premier devoir est de donner de l’espoir ».

Belle leçon. C’était donc ça et seulement ça. Donner de l’espoir comme un cancérologue, espérer une rémission. Il fallait un chantier, investir, peut être en pure perte, accepter les heurts et les incompréhensions, mais tenter de fédérer les citoyens autour d’une idée, même mauvaise.

Je vois encore ça à l’œuvre aujourd’hui. Il me paraît évident, et je l’ai dit si souvent, que l’état de notre pays est sans espoir. Trente ans d’erreurs et de sottises ne se réparent par un coup de baguette magique. Les emplois vendus aux pays émergents ne reviendront pas. Les marchés perdus ne se reconstitueront pas d’un claquement de doigt. Ça, c’est pour Mimy Mathy.

Ils le savent. Tous. Ils n’ont plus rien dans la boîte à outils. Tout simplement parce qu’ils n’ont plus d’outils. Alors, ils ressortent tous les poncifs de l’espoir. Revenir à un statu quo ante ne serait possible qu’au prix d’un travail de fourmi, micro-territoire par micro-territoire. Faire petit mais partout. Mais cela, médiatiquement, ça ne fonctionne pas.

Et donc, ça ne marche pas politiquement. Ils ont besoin de donner de l’espoir à tous et tout de suite. Le FN hurle que la Chine nous achète. Bien entendu, puisque nous sommes à vendre. Les Chinois ne nous mettent pas le couteau sous la gorge. La politique fonctionne au coup par coup. On récupère 100 emplois ici quand on en perd 200 à quelques kilomètres. C’est l’immense flottement.

Les citoyens le sentent, confusément. Les communicants s’efforcent de trouver les mots, les attitudes qui vont cacher d’un voile pudique la réalité. Jusqu’au jour où il faudra bien le dire, appeler peut être à un dernier sursis, une opération de la dernière chance. Mais qui le fera ?

Qui viendra proposer du sang, de la sueur et des larmes ? Ce n’est pas le vocabulaire de l’espoir, ce sont les mots du sacrifice.

Qui viendra mettre les mots en phase avec le réel ? Personne, car ça s’appelle la révolution et personne n’y est prêt.

On en reparlera…

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