jeudi 27 mars 2014

MON ENNEMI, C’EST LA FINANCE

C’est cette phrase qui m’a décidé. Faut dire que j’hésitais un peu. Ils m’ont baisé si souvent. Déjà en ne faisant pas le département basque promis par Mitterrand en 81. Et puis en privatisant comme des malades. Tu votes pas pour les fils de Jaurès avec pour but de refiler aux grands patrons les bijoux de famille.

Au fond de moi je suis gaulliste de gauche. Y’a des trucs qui doivent être nationalisés : la santé, l’énergie, le crédit, le transport, l’eau. Tout ce dont le citoyen de base ne peut pas être privé par le jeu du marché. En 81, c’est Pierre Billotte qui me l’avait dit : « Votez Mitterrand, avec Giscard, c’est Vichy qui revient ». Et puis Billotte aimait bien Delors qui était chef de cabinet de Chaban. La Nouvelle Société, vous vous souvenez ? Une Nouvelle Société basée sur la souveraineté et l’indépendance nationale.

Bon, gaulliste aujourd’hui c’est plus qu’une étiquette. Même le nain à Rolex et Ray-Ban, il se dit gaulliste. Tu vois le Grand Charles avec des Ray Ban, toi ? Bon, faut admettre qu’il y a une filiation qui va de Pétain à Sarko et elle passe par Giscard. Billotte avait raison.

Je me méfiais donc, façon fils de vampire invité à dîner à Marseille. T’es sûr qu’il y aura pas d’ail sur la table ? C’est que j’ai le cul sensible. Toujours la vaseline à portée de main.

Et puis, vlan ! le discours du Bourget. Mon ennemi, c’est la finance. Je l’aurais embrassé pour cette phrase ! Qu’est ce qu’on est con, parfois !

Après, j’ai vu. D’abord, j’attendais. Patient. On peut pas inverser les tendances en quelques jours. L’impatience est venue après. Avec le mariage pour tous, en fait. J’ai rien contre. Ni pour. A vrai dire, je m’en fous. C’est un non-sujet. La plupart de mes copains homos s’en foutaient aussi. Mais là, il s’est bien battu. Par contre, avec Mittal, il s’est vautré. Carpette. Comme avec Angela. Je l’avais prévenu pourtant : http://rchabaud.blogspot.fr/2012/05/francois-ne-va-pas-berlin.html

Et depuis, il a pas arrêté. Mois après mois, il a cédé. Sur tout. Il a cédé à Angela, il a cédé au Medef, il a cédé à Delors, il a même cédé à Duflot, c’est dire ! Je lui croyais au moins un peu de dignité. Même pas. Il va tirer des coups la nuit comme un collégien boutonneux. Il pense plus à sa biroute qu’à la France.

Le Bourget, c’était que de la com’. En plus, il y comprend rien à la com’. Le Président chinois vient pour une visite d’Etat et le premier truc qu’il fait, c’est d’aller bouffer avec un maire de province. La honte ! Il en a même pas conscience, le François. Il se dit que s’il aime le saucisson, c’est normal. Il a pas compris le camouflet qui est un retour de bâton. François, il va en Chine, il y reste 36 heures ! C’est la première puissance mondiale, il y passe moins de temps qu’à Bamako. Moins de temps qu’à Tôkyô. Xi Jiping, il a du avoir les boules. Je me mets à sa place. Mais l’autre ravi de l’Elysée, il a rien vu. Il est content. Il a signé 18 milliards de contrats, essentiellement pour de l’aéronautique, aéronautique patiemment construite par De Gaulle et privatisée par la suite. Tu parles d’un succès ! Encore de la com’.

Ce coup-ci, j’ai compris. Le mec, il reçoit Xi Jiping pour célébrer le 50° anniversaire de l’établissement des relatons diplomatiques et il nous parle de pognon. Comme aurait fait Sarko. Elle est où la politique ? Elle est où la hauteur de vues ? Il est où le sens de l’Histoire ? Il est où le socialisme ?

J’ai élu un Président pour qu’il me la joue pragmatique à la Thatcher. Mental d’épicier couché devant ses fournisseurs. Je suis encore cocu. Mais c’est la dernière fois.

On en reparlera…..

lundi 24 mars 2014

COMMUNICATION BASIQUE

La chasse aux commentaires à la con est ouverte !

« Nous avons une semaine pour convaincre les Français » : Nadjat Vallaud-Belkacem porte-parole d’un gouvernement qui n’a pas réussi à convaincre les Français en deux ans. !!! Va falloir accélérer, cocotte !!!

« Les Français n’ont pas compris le sens de notre politique » : André Vallin, député PS de l’Isère. Ben voyons ! Traduction : l’électeur qui ne vote pas pour moi est un con.

Ça fuse, ça gerbe, ça dépote. Le différentiel (le delta en novlangue) n’a jamais été aussi important entre les politiques et les électeurs. Thème général : nous on sait, eux ils savent pas. Les « communicants » emboitent le pas. Normal, ils ont le même « lieu de parole » que les politiques. Important, le lieu de parole, mais bien oublié. Pourtant, les communicants devraient savoir, c’est leur boulot. Si ton lieu de parole est le même que celui de ton adversaire, ce n’est plus ton adversaire.

Et donc, le citoyen regarde le communicant et se dit que, vu qu’il parle comme le politique, il est un stipendié du politique. Cause toujours...Le communicant, comme le politique, n’a d’impact que sur ceux qui partagent la même parole que lui.

Or, nous allons devoir admettre que ce partage de la parole ne concerne plus la majorité. C’est emmerdant, ça, dans une société démocratique où la majorité peut prendre le pouvoir. Ce petit point, nous l’avons oublié. La majorité peut être contre l’Europe, l’exprimer dans les urnes et voir la minorité lui confisquer son opinion. Pas bon, ça. Contraire aux principes de la Révolution française. Rappelons que la Révolution s’est faite parce qu’une minorité (la noblesse pour faire simple) décidait pour la majorité. On y est revenu et le citoyen de base fronce le nez. Même si c’est moins « politique », comme le mariage pour tous. Le citoyen de base, il se sent dépouillé de sa « normalité ». D’ailleurs, on lui répète à l’envie que la normalité n’existe pas. Ce qui revient à lui dire qu’il n’est pas normal.

Et donc, un groupe change le lieu de parole. Il s’approprie le lieu de parole de la majorité. Admettons que c’est un lieu de parole moins sophistiqué, plus rustique. On revient à Poujade et au poisson qui pourrit par la tête. Entre nous, c’est assez proche de Hébert et du Père Duchêne. Hébert qui exprimait brutalement ce que Robespierre disait plus joliment. Ne fut ce que parce que le lieu de parole choisi est celui de la brutalité. Le FN fait pas dans la dentelle. Chez lui, la négociation, ça commence par une claque dans la gueule, façon Poutine. Le citoyen de base, ça lui va bien, vu que c’est ça qu’il attend des politiques : de la protection. Si la protection est un peu brutale, ça lui va bien aussi. Or, les politiques ne le protègent plus : du chômage, des banques, d’une justice qui fait passer le droit avant l’équité. Le citoyen de base, il a besoin d’une communication simple, qu’il peut comprendre.Il a besoin d'un politique qui cause sa langue. Les politiques et les communicants froncent le nez : populisme. Exact. Mais dans populisme, il y a peuple. Et bulletins de vote.

Les politiques et les communicants lui causent intello. Ça va plus. Ça lui parle plus au citoyen de base. Lui, il veut du basique. Alors, il écoute ceux qui lui parlent basique.

On peut hurler, dire que c’est pas bien, que c’est une régression, on peut aligner tous les arguments, c’est comme ça. A force de compliquer la parole, de tordre le cou aux argumentaires, on en arrive à cette situation. De toutes façons, ce que j'ai envie de dire à tous mes copains qui hurlent, c'est qu'en démocratie, tout bulletin vaut un autre bulletin, qu'il n'y a pas des bulletins moraux et des bulletins amoraux. C'est la règle et elle est simple. Si t'es démocrate, tu n'as pas le doit de dire que le bulletin de l'autre ne vaut pas le tien. Tout ce que tu peux faire, c'est convaincre, enseigner, amener l'autre à comprendre tes arguments, pas à les lui asséner. Même s'il n'a pas le même QI que toi, il vaut autant que toi. Ça t'emmerde mais c'est comme ça. Devant l'urne, l'analphabète pèse autant que toi. Si ça te va pas, apprends lui à lire.

Ça c’est déjà produit dans l’Histoire. C’était sept siècles avec notre ère, en Chine. En gros, ça disait que seule la loi était moralement neutre et ça fonctionnait avec un gros paquet de fonctionnaires chargés de l’appliquer et de faire perdurer le pouvoir. Bien entendu, ça supposait une oligarchie et une puissante technocratie. On y est. Bien entendu, ça supposait une manipulation permanente avec des systèmes de communication omniprésents et tout puissants. On y est. Bien entendu, ça repose aussi sur la force et la coercition vu que le système législatif devient incompréhensible au citoyen de base. On y est.

Pour les politiques, la bonne nouvelle, c’est que ça a duré plusieurs siècles.

Et donc, on en reparlera….

dimanche 16 mars 2014

SIMFÉROPOL

Aujourd’hui, mon copain Igor a du prendre une muflée d’anthologie.

Igor, je l’avais rencontré à Simféropol, capitale de la Crimée, sur un trottoir. Il était couché dignement sur ce trottoir où il exhibait ses disgracieux moignons. Je sais pas ce qui m’a pris, je lui ai filé 5 grivnas. Grosso modo, un euro au cours de l’époque. Et là, le mec me fait signe de pas bouger, se carapate sur les moignons comme un héros de Freaks et revient avec deux bières apportées par un copain. C’était la première fois qu’un clodo m’offrait un coup à boire avec mon aumône. Pour être franc, ce fut aussi la dernière. Et la seule.

Et là, j’ai bu la bière avec mon nouveau copain. J’en ai offert une au petit jeune qui avait fait le service et qui causait un peu l’anglais globish et le teuton. C’est ça la classe du touriste riche qui peut s’offrir un truchement.

Mon copain Igor, il avait sauté sur une mine en Afghanistan. Il le racontait avec une certaine emphase, en hurlant « boum » et en faisant décrire à ses bras une orbe quasi parfaite, façon danseuse du Bolchoï. On lui avait coupé les cannes un peu sous le genou, fort proprement par ailleurs et il était revenu au pays natal avec une belle médaille et une pension d’invalidité. Jusque là, on baignait dans le classique et je m’ennuyais un peu. La conversation du biffin de base n’est pas toujours excitante.

Et puis, l’URSS a explosé sous les coups de boutoir de la propagande américaine. Explosé d’abord. Dépecée ensuite. L’Ukraine a pris son indépendance. Du coup, Igor, il s’est retrouvé ukrainien, médaillé, mais plus pensionné. On lui a dit ça à l’Armée rouge : il n’est pas prévu de verser de pension d’invalidité aux étrangers. C’est qu’il était devenu étranger, Igor, et il l’avalait mal. Bon, l’attitude russe, elle est pas très élégante. Mais on peut comprendre : tu veux plus de moi, donc tu veux plus de mon fric. Démerde toi, t’es libre.Libre de choisir d'être dans la merde.

Pour être franc, il était pas le seul. Après, dans une belle manif, des comme j’aime avec drapeaux rouges, statue de Lénine et Internationale, j’ai rencontré des vétérans. C’est des petits vieux bien propres, bien ridés, avec des uniformes repassés au millimètre et des brochettes de décorations sur la moitié du sternum. Des vétérans du « second siège », c’est comme ça qu’on dit. Le second siège de Sébastopol. Le premier, c’est le nôtre, on connaît, on en a fait un boulevard. Le second, c’était plus rude. Y’avait pas de zouaves, y’avait que la Wehrmacht que les vétérans rencontrés avaient bloquée pendant plusieurs mois pour soulager Stalingrad. Un siège d’hiver, glacial, plombant. Un monceau de cadavres et de belles brochettes de médailles. Ils racontaient les vétérans, ils avaient l’âme francophile. Ils connaissaient Normandie-Niémen, Thorez et Jacques Duclos. Mais eux aussi, l’indépendance leur avait sucré les pensions. Ils se demandaient ce que faisait l’Europe. Après tout, les médailles ils les avaient gagnées en nous aidant, non ?

Les vétérans, pour être franc, je les avais rencontrés dans une manif à laquelle je m’étais joint. Je savais pas pourquoi je braillais mon Internationale mais, putain, que ces gens chantent bien. Et puis les drapeaux, ça vous avait un côté Potemkine.. J’ai plus l’esthétique prolétarienne que manga, c’est comme ça. Après, on m’a dit : j’avais levé le poing pour le retour à l’URSS d’avant, pour le retour du PCUS, et même, aux yeux de certains, pour le retour de Staline. Bon. J’ai payé mon coup, même aux vétérans, et on a causé. J’ai entendu des choses que j’aurais préféré ne pas entendre, comme quoi les droits de l’homme, c’est un luxe de pays riche, que l’indépendance, c’est de la merde quand on n’est plus soigné et plus nourri. Mes nouveaux copains, ils m’ont raconté les hôpitaux pourris, l’économie en panne, ils m’ont même emmené en banlieue, dans un logement où s’entassait une famille de quatorze personnes. Tout ça, j’ai déjà raconté. Le livre est épuisé.

Alors, forcément, je sais que ce soir, à Simféropol, mais aussi à Sébastopol ou à Sudak, y’a de la vodka qui coule. Je sais qu’ils sont heureux et je suis heureux pour eux. J’enrage un peu de voir le travail de propagande basé sur un seul fait : Poutine est détestable. Peut être, mais il a fait pour la Crimée ce que la Crimée attendait

Enfin, le monde devient lisible. La propagande américaine fonctionne à plein et regroupe les fadas du Dalaï-Lama, les angoissés de Poutine et les vomisseurs d’Assad. Toutes les belles âmes qui parlent de guerre et en ont peur, tous ceux qui bêlent pour un monde « moderne », ce qui ne veut strictement rien dire. En face, sûrs d’eux et de leur puissance, les héritiers des siècles précédents, ceux qui savent que le monde moderne est l’héritier des vieux conflits et des vieilles manières. Ceux qui parlent et ceux qui cognent.

L’Occident est à genoux. Pas encore pour prier, mais ça ne saurait tarder

On en reparlera…

jeudi 13 mars 2014

ALIAS NICOLAS

J’aime pas Taubira. J’aime pas sa morgue mêlée de chouineries sur le féminisme et l’esclavage. Elle est la preuve vivante qu’on peut être femme, descendante d’esclave et ministre de la République. Et que, par voie de conséquence, ni la féminité, ni l’esclavage ne sont des handicaps. CQFD.

Mais là, on lui colle un faux procès. Et j’aime pas non plus. On applique connement le principe du bottage en touche et tout le monde suit le ballon. Bande de cons !

Au départ, y’a un mec qui applique la technique des dealers de banlieue qui veulent baiser les flics. Il va dans une boutique et il achète un portable sous un faux nom. Moi, j’appelle ça usurpation d’identité. Mais, moi, je suis bête.

Bon, il achète pas lui-même vu qu’il est connu. Il annonce Paul Bismuth (c’est le pseudo choisi).. L’autre, il va se marrer. Arrête, Nico, on t’a reconnu. Donc, il envoie son chauffeur (il a un chauffeur, j’en suis certain, c’est moi qui le paye, avec mes impôts) qui achète le portable sous un faux nom. Les flics, ils écoutent pas Nicolas Sarkozy, ils écoutent Paul Bismuth. En admettant que Christiane reçoive des listings d’écoute, c’est Bismuth qui est écrit, pas Sarkozy. Tu t’imagines que Christiane s’intéresse à Bismuth ?

Faut pas déconner tout de même. Qu’une ancien président de la République, membre du Conseil constitutionnel, fasse acheter un portable sous un faux nom pour tromper la police ne semble poser problème à personne. Parce que le fait générateur, c’est ça : la volonté de tromper la police. Pour un ancien Ministre de l’Intérieur, ça la fout mal, je trouve.

Et donc, les copains du dealer bottent en touche… La Christiane, elle sait pas lire un listing.. et puis elle a pas dit ce qu’elle savait…ben non.. elle a pas dit ce qu’elle savait sur Bismuth. Pourquoi ? Ça vous parle Bismuth ?

Bon. T’écoutes Bismuth, le petit dealer, il appelle son avocat. C’est pas l’avocat que t’écoutes, c’est Bismuth. Il se trouve qu’il appelle son avocat. Pourquoi ? Pour tromper la police. Quand t’es la police, t’aimes bien savoir qui te trompe, pourquoi et comment. Remarque, quand t’es cocu aussi.

Et donc, l’avocat hurle au scandale. Je voudrais juste savoir un truc : quand ce téléphone sonnait, y’avait quoi écrit sur l’écran de l’avocat : Sarkozy ou Bismuth ? Parce que si c’était Bismuth, l’avocat savait qu’il participait à une manœuvre destinée à tromper la police. Ça relativise le sens moral, je trouve.

A moins que cette noble profession ne considère qu’il est de son devoir de tromper la police. Remarque, on peut le penser. Comme on peut penser que c’est le couple infernal police-justice qui est en cause. Le couple auquel on a confié la double tâche de surveiller et punir. Avec Valls, on sait que ça surveille. Avec Taubira, on sait que la punition n’est plus au centre du débat. L’avocat, ça devrait lui plaire. Plus la justice est laxiste, meilleurs sont les avocats. Le boulot est facilité. Mais non, il choisit d’attaquer Taubira. C’est bête d’affaiblir ses alliés objectifs. D'autant que j'ai pas vu un seul juriste de gauche revenir au point de départ. Ils ont tous préféré la défense corporatiste. Pas un pour dire clairement que leur confrère a participé à une manoeuvre à la légalité douteuse.

En tous cas, le ballon est bien dans la touche. Je sais pas qui va effectuer la remise en jeu, mais Sarkobismuth est tiré d’affaire. On parlera pas de sa minable magouille.

Sur le plan de la communication, c’est pas du grand nouveau, mais ça marche toujours.

C’est le principe de la corrida.

On en reparlera…

dimanche 9 mars 2014

ELEMENTS DE LANGAGE

C’est facile le journalisme. Pour savoir ce que tu diras le soir du 23 mars, il suffisait d’écouter Bartolone ce dimanche matin. Il a eu quelques phrases pas mal.

« Nos électeurs pourront marquer leur désaccord par l’abstention ». Celle-là personne n’avait jamais osé. Jusqu’alors, tes électeurs, c’étaient ceux qui votaient pour toi. Avec Bartolone, c’est fini. Tes électeurs, c’est aussi ceux qui votent pas pour toi. Faut admettre, ça laisse un réservoir. Avec des coups comme ça, t’es sur de gagner toutes les élections.

Il précise le finaud de Lassay : « Je ne sens pas une envie de droite dans le pays ». Ben voyons ! Avec la diabolisation du FN, de plus en plus active, avec l’UMP qui part en couilles dans tous les sens, l’envie de droite, elle a du mal à s’exprimer. Dans les urnes, peut-être, mais on va y veiller. Je vais vous expliquer.

L’abstention n’est jamais trop forte aux municipales : un petit 30% au premier tour. Plus ou moins. Ce coup-ci, ça risque d’être un vrai plus. L’UMP en déliquescence, les Français écoeurés par un socialisme qui se marque de plus en plus à droite, ils vont pas se ruer sur le bulletin. Pas grave. Cette augmentation sera le fait des électeurs socialistes. De quoi rester, sans souci et sans travail, le premier parti de France. Le discours du 23 mars sera donc « on a gagné mais il faut convaincre les abstentionnistes de voter utile au second tour ».

Pour le reste, les préfets sont déjà au travail. Prenons en exemple : une ville moyenne, une liste socialiste, deux listes UMP, l’officielle et la dissidente. Comment tu qualifies ? C’est important ça… La liste UDI-UMP, tu peux la qualifier de centriste, par exemple (y’a de l’UDI) ou UMP (y’en a aussi). Ça dépend du chef. La liste dissidente, tu peux la mettre en divers droite ou en UMP-dissidente, ou même en centriste, c'est pas génant. En fait, ça dépend du résultat que tu veux obtenir. Y’a gros à parier que les préfets vont se lâcher sur l’étiquette « centriste ». Centriste, c’est pas à droite et Bartolone « ne sent pas une envie de droite ». Tu vas voir que Bayrou, il va se retrouver avec de sacrés bataillons d’électeurs sans avoir bougé une oreille. De quoi justifier son poids politique et une place dans le prochain remaniement. Ce qui justifiera aussi, post partum, la politique hollandaise de bouche-à-bouche au Medef. Vous voyez bien que c’est ce que voulaient les Français. Ils ont vachement voté au centre.

In fine, ça fera un peu moins de villes que prévu dans l’escarcelle socialiste, mais ce n’est pas trop grave. Dans les provinces, depuis quelques années, ils ont accumulé du sénateur et du député. De gros pardessus qui tiennent bien leurs sections et sauront expliquer. Eventuellement, en disant : « on était trop à gauche, nos électeurs nous ont préféré le centre, il faut soutenir le Président, ce clairvoyant leader qui nous a montré la voie lumineuse vers une gestion harmonieuse ». Et le tour est joué.

Ou comment gagner dans les médias les élections perdues dans les urnes. Bon, vous me direz, aux prochaines sénatoriales, ça se paiera et ce brave Bel a du soucie à se faire. Mais les sénatoriales, c’est pas tout de suite. Et puis, c’est moins important que la présidentielle. D’ici là, il y a peu de chances que l’UMP se refasse la cerise. On affirme déjà que Sarko va créer son mouvement pour laisser une UMP moribonde à Copé et/ou Fillion. Flamby va gérer Bayrou et garder ses chances intactes.

Ceci sans présager d’une vraie grave crise, bien entendu. On n’est pas encore en 2017. Pour l’heure, l’essentiel est de préserver les chances. Juste ne pas avoir l’air ridicule. Ne pas avoir l’air de perdre. Après… Les vraies manœuvres sont ailleurs. Planter Copé, planter Sarko. Buisson est vénal. On peut même penser qu’il vend ses cassettes. Une après l’autre. Le feuilleton n’est pas fini. On va pas se laisser emmerder par la perte de la mairie de Bouzy-les-Palmipèdes.

Bon. Bartolone nous a filé la clef. Moi, je pense à tous ces militants, qui bossent, qui y croient, qui voudraient bien changer leur vie au niveau de leur ville. Ils sont cocus. Tout militant politique est un cocu en puissance. Ils le savent mais c’est jamais agréable de le voir confirmer.

Ceci dit, ça va avoir un effet positif. Si les socialistes sont à la ramasse, ça va donner plein de triangulaires. C’est rigolo les triangulaires. Ça va nous distraire entre le 23 et le 30. Pendant ce temps, l’essentiel sera ailleurs. Toujours les marionnettes au travail.

Même que Guignol est une marionnette.

On en reparlera

dimanche 2 mars 2014

J'AIME POUTINE

J’aime Poutine. Je ne sais pas vous, mais moi j‘aime Poutine. Je sais, vous allez dire, c’est bizarre un type qui aime Poutine. Mais, moi, j’aime Poutine. Parce que j’aime quand les choses sont claires…..

En fait, j’aime Poutine comme j’aimais le Professeur Choron. Ces mecs qui bousculent le jeu, qui obligent à réfléchir, qui ne fonctionnent pas selon des cadres pré-établis. En général, on les trouve mal élevés, gênants, vulgaires. Si, si. Comparez Poutine et Choron, vous verrez, le fonctionnement est le même. Et Choron, il a été au ban des honnêtes gens jusqu’à ce qu’ils le récupèrent. A la fin. Trop tard.

Poutine, c’est un enfant du communisme. Mais plus personne n’imagine que le communisme existe encore. C’est un enfant de la guerre froide. Mais plus personne n’imagine que la guerre froide puisse revenir. Poutine, c’est un voyou, un mec qui ne respecte pas les règles qu’il n’a pas fixées. Comme Hitler. L’Ukraine, c’est les Sudètes. Pareil.

Il est clair : Il refuse les règles qu’on veut lui imposer. Quand c’est Milosevic, c’est pas grave. Quand c’est Poutine avec la puissance de la Russie derrière, l’Occident balise. On va pas faire la guerre à la Russie. Il le sait, Vladimir. Il sait bien que personne ne va oser. Tout ça, je l’avais déjà dit (http://rchabaud.blogspot.fr/2010/09/nous-avons-peur-dune-guerre.html) Remplacez Pékin par Sotchi, Medvedev par Poutine et Hu Jintao par Xi Jiping.

Alors, nous, on fait ce qu’on sait faire. On cause. On convoque l’ONU. Tu parles ! Poutine, il a son droit de veto. Alors, les résolutions de l’ONU, ça le fait marrer. Il envoie ses troupes en Ukraine. Il a le droit. Il a un traité avec l’Ukraine, il peut envoyer jusqu’à 25 000 mecs. Normal. Il a une base à Sebastopol, avec un bail permettant d’y rester jusq’en 2042. Une base, ça suppose des troupes. Bon, ça suppose pas que les troupes bloquent le Parlement de Crimée, mais on va pas chipoter.

En plus, la Crimée, ça a un statut spécial. Le nom officiel, c’est « République autonome de Crimée ». Autonome parce que rattachée provisoirement à l’Ukraine. Ben oui, la Russie a reconnu le rattachement en 1997 et pour dix ans seulement. Et donc, aux yeux des Russes, le rattachement c’est fini depuis 2007. D’autant plus fini que Sebastopol est une enclave en Crimée, voir ci-dessus. Tu vois le merdier juridique ?

A cela, s’ajoutent les Tatars. Quand j’étais en Crimée, les Tatars, c’était un problème dont tout le monde m’a parlé. En gros, les Tatars, ils avaient un peu collaboré avec Hitler. Et donc, Staline les avait exilés. En Sibérie. Après l’indépendance, ils sont revenus. Et ils ont recommencé à faire des affaires avec leurs voisins turcs. Ils s’enrichissaient et les Ukrainiens pauvres faisaient la gueule. A qui ça sert de se battre lors du « second siège » (c’est comme ça qu’on dit), si les anciens adversaires deviennent plus riches que toi ?

A Simferopol, j’ai participé à une manif réclamant le retour du Parti Communiste. Une vraie grosse manif, avec drapeaux rouges et effigies de Staline. J’ai raconté ça dans l’immortel Ailleurs, c’est comme ici, le livre de voyages qui vous permet de tout comprendre sans bouger votre cul du canapé. Juste pour dire que juridiquement, c’est indémerdable et que Poutine le sait. A chaque traité, il peut sortir un traité qui dit le contraire. Et donc, ça sert à rien de discuter. D’autant que Poutine, il aime pas discuter, ça le fatigue. Au fond de lui, c’est un chasseur, Poutine. En Crimée, il sait qu’il est attendu comme le Messie. Pas qu’en Crimée. A Kharkov ou Donetsk aussi. Toutes ces villes qui vivaient de la métallurgie au temps où le grand frère russe achetait l’acier ukrainien. Là-bas, l’époque soviétique, c’était l’âge d’or. Alors, les mecs, ils nostalgisent, faut les comprendre.

Et puis Poutine, il est riche. Plus riche que nous. L’Ukrainien de base, il compare la Russie en pleine expansion et l’Europe en pleine récession. Il a fait son choix, tu peux me croire. L’euro-Ukrainien, il est coincé. Il sait bien qu’on ira pas faire la guerre à Poutine. Il se sent un peu baisé. Les USA, il y croit pas trop non plus. Au moment des élections, en 2004, y’avait un parti qui avait dans son programme de devenir un Etat américain. Ils faisaient un peu rigoler, les mecs. Aujourd’hui, c’est la marrade intégrale. MDR !!!

Personne n’a envie de mourir pour l’Ukraine. Personne n’a les moyens de mourir pour l’Ukraine Personne n’a même les moyens d’infliger des sanctions économiques à Poutine. Il lui suffit de fermer le robinet de gaz. Alors, Fabius se gonfle de rodomontades, BHL se tait mais c’est provisoire. Kiev, c’est pas Damas. Remarque, à Damas, Poutine nous a testés. Il a vu, il a su.

Comme disait saint Paul, le chemin de Damas, ça existe. C’est la route qui mène à Kiev.

On en reparlera….