vendredi 11 avril 2014

LE MODELE ALLEMAND

Ha ! ça, pour les conneries, on nous en bassine du modèle allemand : la gestion allemande, le dialogue social allemand, les ingénieurs allemands…A chaque fois, y’a un ministricule, un députaillon ou un journaleux qui se répand pour nous expliquer comment qu’ils sont bons, et efficaces et pragmatiques les Teutons.

Sauf que là, on est dans leur domaine : la géographie appliquée. Sont bons sur le sujet, rien à dire. Nous aussi, on était bons avant Giscard. Quand il faut organiser le territoire allemand, problème d’aménagement géographique, ils créent les Länder. Mais ils créent comme de vrais géographes qu’ils sont. En utilisant une géographie physique mais également culturelle. Du coup, tu te retrouves avec une bonne grosse Bavière et une ville-Land comme Hambourg. Entre les deux, ça dépend, ça dépend du terrain, de l’Histoire, des relations entre les hommes. Ça te donne trois Saxes, la Basse-Saxe, la Saxe, le Saxe-Anhalt. Cherchez pas, c’est historique. T’as la grosse Bavière avec ses 13 millions d’habitants et la Thuringe avec 2 petits millions. Tu fais voisiner les villes-états comme Brême (400 kilomètres carrés) et la Bavière (70 000 kilomètres carrés). Ça date de l’immédiat-après-guerre et ça dure encore, sans aucun changement. Ça donne des surpeuplés (Berlin 4000 habitants au km2) et des déserts (Mecklembourg densité 70).

Le haut-fonctionnaire français qui voit ces chiffres, il explose, il vocifère, il vitupère. C’est pas cohérent. C’est déséquilibré. Le con de député de base, il approuve gravement. Le con de haut-fonctionnaire et le député décérébré, ils se posent pas la seule question valable. On a fait un découpage vachement homogène voilà cinquante ans, en découpant la Normandie ou en faisant vivre ensemble les Basques et les Agenais et v’là qu’il faut recommencer. Or, le découpage à refaire, il a été fait avec ces mêmes critères : la démographie, la taille, le désir de fortifier l’arrière-pays de 22 villes. Que des critères d’épicier. Et que donc, le découpage qu’ils vont refaire, il faudra encore le refaire dans dix ou vingt ans. En général, quand on a fait une connerie, on évite de recommencer. Pas eux...

Pour faire vivre des gens ensemble, faut qu’ils en aient l’habitude et qu’ils en aient envie. L’habitant de Bayonne, il a jamais vécu avec les gens de Marmande, et il n’en a pas envie. Remarque, où qu’on irait si on tenait compte des envies des citoyens ? Chez moi, dans les Basses-Pyrénées (j’ai pas honte qu’elles soient basses, j’aime pas l’alpinisme),on a du mal à faire vivre ensemble (depuis deux siècles) Basques et Béarnais qui n’ont jamais vécu ensemble et n’en ont pas vraiment envie. A Bayonne, tu regardes vers Bordeaux, à Pau vers Toulouse. Naturellement, historiquement, culturellement. C’est comme ça et c’est pas un énarque qui changera 15 siècles d’histoire. L’énarque, il te colle le Bourbonnais en Auvergne et il en est fier, ce con ! Quand j’ai dit à Saint-Pourçain que j’étais en Auvergne, ils ont failli me faire boire de l’eau. C’eut été dommage, faut dire.

Les géographes-aménageurs ne sont pas des géographes. Tout ce qui fait l’identité d’une région leur échappe complètement. C’est subtil, c’est des siècles de relations commerciales, matrimoniales, festives, religieuses (les Béarnais, c’est des huguenots, les Basques des catholiques). Ça fait des siècles que chaque ragoût mitonne dans sa marmite. Et le jacobinisme n’en est jamais venu à bout. Jamais. Même qu’il a cédé parfois. En Corse, par exemple. C’est comme ça et tu pourrais imaginer une Normandie complète et une région Pays basque toute seule. Pourquoi pas ? En Espagne, l’Andalousie fait le tiers du territoire et la Rioja, l’équivalent d’un département français. Mais c’est pas viable ! Si. Avec le jacobinisme bien compris, l’Etat qui compense, qui prend aux riches pour donner aux pauvres mais laisse à chacun le droit de vivre dans sa culture d’origine. L’Etat centralisateur, il est pas là pour faire de chacun le clone de l’autre. Il est là pour instaurer l’égalité qui n’est pas l’uniformité.

Sauf que l’Etat centralisateur, pendant deux siècles, l’uniformité lui convenait car elle supposait l’uniforme. Quand je pense à tous les bons géographes mort en 14-18….

On en reparlera…

PS : dans mon encyclopédie Quillet offerte pour mes quatorze ans, la dérive des continents était niée. Faut dire que le géographe qui l’avait inventée s’appelait Wegener. C’était le temps où rien de bon ne pouvait venir d’Outre-Rhin. Comme quoi les temps ne changent pas. On prend le pire de l’Allemagne. Merkel et pas Wegener…

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