mardi 1 octobre 2013

TOUS PATRONS !!!!

Ça sent la provoc… Pas tant que ça….Doit-on travailler le dimanche ? Pose la question et t’as le discours idéologique qui démarre. On entend de tout… Y’en a, ils te brandissent la liberté comme un revolver. Pan ! dans le bide. D’autres, c’est la Bible… en 2013 ? oui. Les arguments économiques (je veux dire les chiffres) explosent dans le ciel comme des feux d’artifice. Comme toujours, tout le monde a plus ou moins raison. Plus ou moins.

Y’a des arguments qui valent pas tripette. Style, c’est le seul jour qu’on peut faire nos courses. Ho ! tu bosses 35 heures par semaine, t’as les RTT, et t’as que le dimanche pour aller chez Casto ? Tu te fous de ma gueule. Le samedi, tu pourrais y aller. Ha ! c’est le jour où tu fais du foot ? Et donc, tu veux que des mecs bossent pour te permettre d’aller au foot ? Un mec sur je sais plus quelle chaine : c’est pratique, on bricole le dimanche, on a oublié un truc, on va l’acheter. Ha ? tu veux faire bosser des mecs parce que t’es incapable de planifier ton boulot ? Sympa…..

Le plus beau, c’est les touristes. Parce que le Pékinois qui vient voir la Tour Eiffel, il va aller chez Casto acheter des vis ? On débloque, là…. Ou Sarko : Madame Obama, elle a pas pu aller faire ses courses le dimanche. Tant mieux ! Elle va pas aller dépenser ses sous alors que son pays est en faillite. C’est indécent.

J’imagine le patron de Casto. Tu crois qu’ll bosse le dimanche ? Ou qu’il va faire sa partie de golf ? Bon, je dis Casto, je pourrais dire autre chose. Le dimanche, les patrons, ils emmènent leurs enfants faire du cheval ou ils organisent des barbecues de patrons.

Y’a aussi des petits commerçants. Ouais, mais eux, ils ont le droit. Quand tu bosses en famille, tu fais ce que tu veux. Là, où ça coince, c’est quand tu contrains le salarié. Plus ou moins. Ho ! ils sont pas obligés. Si. Quand t’es à vingt euro près, tu rayes le dimanche de tes priorités. Paye les normalement, les mecs, ils vont à la pêche. Faut pas déconner. Ça fait plus d’un siècle que les hommes se battent pour moins bosser. Parce que c’est ça l’avenir de l’Homme. Moins bosser et jouir de la vie.

Y’a un truc pour régler le problème. Pas que. Mais ça aiderait. C’est d’encourager les SCOP. Une SCOP, c’est quand les salariés sont actionnaires. Là, l’augmentation de chiffre d’affaires dominicale, ça leur profite. Comme aux petits commerçants. Ils sont tous patrons. Alors, tu fais une loi autorisant les commerces familiaux et les SCOP à ouvrir quand ils veulent.

J’entends déjà les commentaires. Les SCOP ! Ça marche que pour les artisans, ça fait pas de gros fric les SCOP ! Il est fou, le mec !

Mouais. Le plus gros groupe européen d’électro-ménager, c’est une SCOP. Fagor, c’est une SCOP. Tu connais pas Fagor ? Et Brandt ? Et Thomson ? Et Sauter ? Et Vedette ? Tout ça, c’est Fagor.. 80 000 employés, 30 milliards d’euro de CA. Pour le groupe qui comprend l’une des plus grandes chaines alimentaires d’Espagne (Eroski) une banque et son propre système de sécurité sociale. Ça relativise le discours sur les coopératives qu’on te présente toujours comme une bande de babas cools utopistes. La Coopérative Mondragon (maison-mère de Fagor) est l’un des plus gros employeurs d’Europe. Avec un fonctionnement que les profs de gestion des universités bien élevées qualifieraient de quasi-communiste.

Les caissières de chez Eroski, elles sont pas précaires, elles sont actionnaires. Quand elles bossent le dimanche, le bénef, c’est pour elles. Elles pourraient s’en foutre, leurs salaires sont 15 à 20% supérieurs à ceux des autres caissières de supermarchés. C’est comme ça chez Fagor. Pour compenser, les salaires des cadres sont 30% en dessous des salaires du marché. Ho ! Ils ont pas les meilleurs, à ce tarif ! Si. Parce que la coopérative a créé sa propre Université. Privée. Mais pas privée de talents. Faut pas croire, c’est bien géré. C’est même comme ça que des coopérateurs ont pu s’offrir quelques belles marques.

Remarque, Brandt en France, filiale de Fagor, c’est pas une SCOP. Les syndicats français ont pas voulu. La règle de Fagor, c’est « pas de syndicat ». Logique. Les syndicats, c’est pour régler les conflits entre salariés et actionnaires. Quand les salariés sont actionnaires, les syndicats sont inutiles. Les syndicats français ont hurlé à la mort. Fagor a cédé. Tant pis pour les salariés.

Et donc, il y a une solution qui a fait ses preuves, juridiquement installée, économiquement rentable. Et qui reste marginale. Va comprendre.

En plus, ils sont même pas communistes vu qu’ils ont été créés par un curé. Ben oui, le fondateur de Fagor, c’était un curé, un mec dans le style des prêtres ouvriers des années 50. Tu crois qu’il serait d’accord pour que les mecs, ils bossent le dimanche et sèchent la messe ? Le curé, il a commencé par faire un atelier pour faire des casseroles. Après, il a créé une épicerie-coopérative pour que les ouvriers se sabordent pas le pouvoir d’achat en nourrissant la marmaille. Comme Franco voulait pas que les coopératives bénéficient de la sécurité sociale, il a créé sa propre sécurité sociale. Mais comment il a financé ? Comme font les curés, il a fait la quête. C’est un autre mot pour « tour de table ». Les bigotes ont filé le fric.

Comme quoi les utopies, ça peut marcher. Même avec l’Evangile à la main. C’est à désespérer de toutes les idées toutes faites.

On en reparlera…..

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