lundi 8 avril 2013

DESIR DE MORALE

Bon, voilà qu’on nous la joue morale. Pour la énième fois, on veut moraliser la vie politique.Surtout Harlem Désir..J'aimerai qu'un journaliste nous fasse l'histoire de son patrimoine depuis Touche pas à mon pote.

Je vais vous dire : une bonne loi de moralisation, elle devrait être simple, quasiment naïve. Un article, un seul : « En fin de mandat, le patrimoine d’un élu de la Nation doit être strictement le même qu’en début de mandat. Toute augmentation fera l’objet d’une mesure confiscatoire ».

J’admettrai juste une exception : la valeur du domicile principal. C’est tout et à condition qu’il n’y ait pas eu déménagement.

Rien de plus. Un patrimoine qui augmente pendant un mandat, c’est suspect. Les élus, ils sont payés, plutôt pas mal, frais compris pour faire leur boulot. C’est fait pour leur éviter de travailler. S’ils font des économies, c’est qu’ils sont trop payés. CQFD.

Pour le reste, tout est suspect. Un parlementaire, il est payé pour s’occuper de tout le monde. Pas d’une partie des électeurs. Pas de ses clients. Pas de ses intérêts. 100% pour le public, rien pour le privé. Sinon, tu glisses dans le clientélisme, éventuellement communautariste.

T’as un gros paquet d’actions de la BNP, ça va forcément t’influencer quand tu votes une loi bancaire. T’as un terrain sous-payé dans un coin de ta circonscription, ça va forcément t’influencer quand tu vas prendre des décisions d’aménagement du territoire.

T’es député et avocat, spécialiste du droit de l’urbanisme, par exemple. Tes clients, c’est les grosses entreprises du BTP, les promoteurs. Vas-tu voter contre les intérêts de tes clients ? Non, bien entendu. Tu vas trouver des amendements qui feront leur bonheur, tu prendras un maximum de renseignements pour tourner la loi que tu es en train de voter, si tu peux pas faire autrement. C’est du bête clientélisme. Et cette action clientéliste, elle augmentera ta clientèle, tes revenus, ton patrimoine. Tu utilises ta fonction publique pour créer un bénéfice privé, le tien. Et donc, je ne vois rien d’anormal à ce qu’on te gratte cette augmentation de patrimoine que tu dois à tes électeurs, pas à tes talents.

Ça peut aller loin. T’es député et restaurateur. T’es sûr que ton élection va t’attirer une clientèle. Tous ceux qui ont envie de faire copain avec toi pour te demander un service. Ton chiffre d’affaires va augmenter. Pas parce que t’es un bon cuisinier. Parce que t’es député.

Mais à ce compte, le député de base peut plus rien faire. Si. Il peut s’appauvrir. Rigolez pas, ça s’est vu. Jacques Laffitte, banquier, député d’extrême gauche, ruiné par ses œuvres, ses votes et ses décisions, au point que ses électeurs (populaires) ont lancé une souscription pour qu’il puisse racheter sa baraque. Tu peux y croire ? Des milliers de pauvres qui se cotisent pour racheter la maison d’un banquier ? Bon, j’admets, un député en deux siècles, c’est pas beaucoup. Et puis il venait d’une ville, Bayonne, où on n’est pas banquier pour s’enrichir, ni joueur de rugby pour gagner. Faut juste que ça soit beau. Beau, propre et moral. Utopiste ? Peut-être mais quand je doute, je pense à Jacques Laffitte.

Faut réfléchir, imaginer. Tu votes une loi comme celle-là, d’un seul coup, tu divises par deux (au minimum) le nombre de candidats aux élections. Tu verras comment que tu vas alléger le poids des convictions et des certitudes idéologiques. Si tu crois qu’un mec comme Cahuzac, il s’est fait élire pour amener le prolétariat sur les lumineux chemins du socialisme, faut te faire soigner.

Maintenant, je suis tranquille. Une loi comme celle-là n’a aucune chance. Quand tu vois que le Mélenchon il est contre la publication de son patrimoine, ça relativise le goût de la transparence.

On va nous sortir une belle usine à gaz, incontrôlable. Et on continuera de voir fleurir le clientélisme. Ça sera un peu mieux, mais pas parfait. On a le droit de rêver de perfection, non ?

Tiens, j’aimerais susciter une sorte de mouvement populaire, un truc qu’on appellerait « Elu ou riche ? ». Parce que tant que le pouvoir enrichira, les doutes planeront. Chiche ?

On en reparlera….

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