samedi 12 mai 2012

FRANÇOIS, NE VA PAS A BERLIN

Si j’étais copain avec Hollande, c’est ce que je lui dirais. Ne va pas à Berlin. Et surtout pas le 15 mai.

C’est une règle : le plus faible se déplace. Le plus fort attend, sur son territoire, que le vassal vienne faire soumission. Dire « je vais à Berlin », revient à se mettre en position de faiblesse. Elle doit mouiller de bonheur, la Prussienne cylindrique.

Surtout qu’elle est pas vraiment en position de force. Elle a besoin de la France. Et la France n’a pas ratifié le traité. Y’a pas le feu. Faut une Assemblée pour ratifier et on n’aura pas d’Assemblée avant fin juin. François, il m’a promis qu’il ratifierait pas. Donc, c’est à Merkel de venir demander poliment qu’il change d’avis. « Une certaine idée de la France », c’est ça. Normalement, c’est les Allemands qui vont à Canossa. Ils ont l’habitude, faut pas qu’ils la perdent.

François, il se rend pas vraiment compte que, depuis le 6 Mai, on est en 1789. Toute l’Europe a les yeux fixés sur la France. Il l’a dit au Bourget : « Mon ennemi, c’est la Finance ». Et l’espoir s’est levé. Pas que pour nous. Les Grecs, les Espagnols, les Italiens, les Portugais, ils regardent Paris. François, faut pas croire que tu portes l’espoir des Français. Tu portes l’espoir de tous les peuples européens. Alors, fais pas le con. Ne va pas donner des gages à Merkel.

Ne pas écouter les stipendiés du grand capital parce qu’ils pètent de trouille. Bien sûr, François, ils te connaissent. Ils savent que tu es plutôt un bon mec, que t’as pas envie de faire exploser le système. Mais sur ce coup, tu as la main. Jusqu’à fin juin, tu peux entretenir leur trouille. Et pour eux, fin juin, c’est l’éternité. Si tu te tais, ils vont faire des conneries, c’est sûr. Ils ont l’épée grecque au-dessus de la tête (Damoclès, c’était un Grec, faut pas oublier).

La Grèce va péter. Ils ne vont pas trouver de vrai gouvernement. Surtout maintenant que tu es là. S’ils refont des élections, ce sera pire parce que les Grecs auront les yeux rivés sur toi. Les Espagnols aussi. Ils ont viré Zapatero parce qu’ils le savaient isolé. Maintenant que tu es là, la chanson a changé.

François, tu es dans la position de Blum en 36. Il faut aider la Grèce et l’Espagne contre l’Allemagne. OK, j’exagère. Angela n’est pas Adolf. Mais la structure géopolitique est identique puisqu’il s’agit de conforter le pouvoir des conservateurs et de laminer les peuples. C’est ça que tu veux ? A ce propos, relis les Mémoires de Léon Blum, quand il parle du devoir d’ingérence (par parenthèse, Kouchner a piqué l’idée à Blum, Kouchner, ça commence comme coucou). He ben, c’est le moment de s’ingérer et de dire stop à la Prussienne mal équarrie.

François, tu as les cartes en main pour faire enfin l’Europe des peuples contre l’Europe des oligarchies. C’est ton destin. C’est pas de bol. T’as été formé pour la gestion et la négociation. Les peuples savent bien que la négociation, c’est juste pour savoir qui va payer la vaseline. Ils attendent Valmy. Je sais, c’est pas comme ça que tu vois les choses. Peut-être même que tu as un peu peur.

Réfléchis. Repars à Tulle respirer un bon coup. Vas y en train pour regarder la campagne française. Mets toi bien dans la tête que ton destin te dépasse et qu’il va falloir assumer ou renoncer. Et je n’ai pas envie que tu renonces.

Réfléchis. Ce que les Européens attendent de toi, c’est un chef. Quelqu’un qui tienne sa parole et qui garde le cap. Fais ce que je te dis et tu vas siphonner le FN. L’autre ridicule, il croyait que les électeurs du FN votaient en fonction du programme. Il n’a pas compris que les électeurs du FN voulaient un cap et quelqu’un capable de le tenir. Et que sur ce coup, lui qui ne cessait de changer n’était pas crédible. Deviens un leader et le peuple t’adoubera.

Je sais, François, « leader », c’est de l’anglais. En allemand on dit « führer ». C’est pas ton truc, mais le mot importe peu. On peut conduire un peuple sans dictature. On ne peut pas le conduire sans espoir. Les peuples européens veulent sortir de la fatalité financière et retrouver de l’espoir. Depuis une semaine, cette responsabilité t’incombe. Tu as l’espoir de l’Europe sur les épaules. Je sais, c’est lourd…

On en reparlera…

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