mercredi 18 avril 2012

POURQUOI JE ME SUIS PLANTE

La montée en puissance de Mélenchon semblait prouver qu’à l’évidence, je me suis planté dans un billet récent.

Ça mérite d’y réfléchir. En fait, je reste obsédé par l’Histoire, même récente, en un temps où tout est fait pour la faire disparaître. L’itinéraire de Mélenchon me paraissait emblématique. On ne peut pas (et en tous cas, moi je ne peux pas) barrer d’un trait de plume les actes d’un homme et faire comme s’il était tout neuf après trente ans de vie politique.

On pourrait au moins attendre une contrition. Tu parles ! Rien. Voilà : je vous promets de faire ça. Que j’ai fait le contraire voici pas si longtemps, tout le monde s’en fout.

Idem pour le Président. Cinq ans dans les divers gouvernements, à des postes importants, cinq ans Président et il promet de faire le contraire de ce qu’il a fait depuis dix ans. Et un bon tiers des Français font confiance. Il suffit de leur dire que la crise a changé les conditions. Passez muscade !

Idem pour Hollande. Il durcit son discours à cause de Mélenchon. Mais on sent bien qu’il y croit pas vraiment.

Idem pour Marine. Elle, c’est le contraire. Elle temporise, elle s’adoucit. Papa a gagné sa vie en éditant des chants nazis, elle va à Vienne valser avec les zélateurs d’Adolf, mais elle la joue gentille petite Française.

Comme toujours, je me suis planté parce que je crois en l’Homme. Je crois en ses capacités de mémoire, en ses capacités de discriminer, de réfléchir. Faut être naïf, quand même.

Sauf que, si j’en crois les commentateurs, je me suis pas vraiment planté. Ils sont assez unanimes, les commentateurs. Le vote Mélenchon est d’abord un vote bobo, à ce qu’il paraît. Un vote de protestation paré des plumes de l’humanisme. Raison pour laquelle les sondages sont volatiles et que l’électorat Mélenchon lorgne vers Hollande. Le bobo collectionne les gadgets inutiles mais aime le vote utile.

Le bobo n’a pas de mémoire, surtout politique. C’est ce qui le différencie du peuple. Le bobo a un fonctionnement statistique. Il suit la masse. Normal : il est la masse. Le peuple, ce peuple que tous vénèrent en paroles et moquent dans les faits, a beaucoup plus de mémoire parce qu’il a beaucoup plus de cicatrices. Il se souvient des faits parce que les faits le conduisent à Pole Emploi, aux crédits renouvelables et à la lente paupérisation. On pouvait croire il y a encore trois semaines que Mélenchon drainait le vote populaire. Bernique ! Le peuple regarde Mélenchon et voit le PS derrière lui.

J’ai des copains bobos. Ils ne veulent pas le séisme. L’un dans l’autre, la situation leur convient. Ils admettent assez facilement que tout ne va pas si mal. Ils aiment bien l’Europe. Alors, après avoir été tentés par Mélenchon qui est un grand tribun, faut le reconnaître, ils reviennent au bercail social-démocrate. Ils ont bien compris, après l’interview de Mélenchon sur France 24 que l’opposition PS/Front de Gauche était d’abord une lutte de pouvoir. Comme dit Mélenchon : « Je lui pardonnerai jamais ». C’est pas ça le sujet. Hollande a méprisé Mélenchon ? On s’en fout. C’est un problème d’ego, pas un problème politique.

Même les communistes, ils se méfient. Les plus vieux se souviennent du PCF à 25%. C’était avant le Programme Commun. Ils sont sortis à poil de l’alliance avec la social-démocratie. Les caciques du PS, ils connaissent. Et Mélenchon a contribué à leur dégringolade. Alors…

Ce qui me fait marrer, c’est tous ces appels au peuple. Il semblerait que la clef de l’élection soit entre ses mains. Pas compliqué à comprendre. Onze millions de pauvres, c’est 25% de l’électorat. Et si ça continue, la prochaine fois, ce sera 30 ou 35%. Ces 25%, ils raisonnent simplement. Simplistes, disent les commentateurs. Peut-être. Mais quand ils mettent leur bulletin dans l’urne, simple ou simpliste c’est pareil.

Alors, non, je ne me suis pas planté. Finalement, la mémoire fonctionne. Mémoire courte pour Nicolas, mémoire un peu plus longue pour Jean-Luc. On le vérifiera dimanche.

Après… le vote du 6 mai n’aura aucun intérêt. Ce sera un vote par défaut. On saura vraiment après les législatives. C’est peut-être là que ça va péter…

On en reparlera….

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