dimanche 1 avril 2012

LA PIRE PUB DU MOMENT : LA MINI

Vous l’avez sûrement vue, la dernière pub pour la Mini. Deux espèces de mafieux levantins se retrouvent en équilibre avec leur Mini sur un toit d’immeuble. Les roues avant sont dans le vide, les roues arrière ne touchent plus le sol. Avec d’infinies précautions, ils vont redresser la voiture en l’allégeant jusqu’à ce que les roues arrière portent enfin. On les voit ensuite rouler dans les rues.

Plus con, tu meurs. La Mini est une traction avant. Même si tu fais porter les roues arrière, tu ne peux pas bouger vu qu’une traction avant avec les roues qui touchent rien, elle est définitivement immobilisée.

J’ai cherché à comprendre le message : tous les amateurs de Mini ont des gueules de mafieux levantins ? J’y crois pas trop. Peut-être qu’on a voulu m’expliquer que la Mini peut passer de la traction à la propulsion. Ce serait révolutionnaire mais comme ce n’est pas le cas, ce serait de la pub mensongère.

J’ai interrogé autour de moi : personne n’a remarqué le truc. Il faut expliquer, longuement, avant que l’interlocuteur n’admette. Après quoi, il hausse les épaules pour lâcher un « c’est marrant, c’est tout ». Marrant ? Bof. Moi, ça me fait pas rire. Pas même sourire. Je cherche la motivation. Il a voulu dire quoi, le publicitaire ?

Je le connais pas, mais il doit ressembler à ses copains, à tous ses copains, y compris ceux qui bossent en ce moment pour les candidats. Ils ont tous le même fonctionnement. Le réel, on s’en fout. Ce qui compte, c’est l’empathie. Tu racontes une histoire marrante, du coup, la Mini elle semble marrante. Cool. Le candidat dit des trucs sympas ? Du coup, le candidat, il a l’air sympa. Même s’il raconte n’importe quoi. Même s’il s’accroche à des trucs qui sont tout simplement pas possibles.

Tiens, prend le Président-candidat. Il a un machin sur les épaules qui s’appelle le bilan. Cinq ans Président, après avoir été Ministre de l’Intérieur et Ministre du Budget. Autant dire que l’émigration, la dette et l’insécurité, ça fait dix ans qu’il se les paluche. Pour quel résultat ? Peanuts. Pas grave, On va raconter des histoires. Par exemple, qu’on va sauver Florange alors qu’on s’est planté grave sur Gandrange. Même si c’est impossible comme les roues avant de la Mini. Ça n’a aucune importance, personne ne s’en apercevra.

Tiens, prends le Mélenchon-candidat. Pendant des années, il a été un bon petit soldat de la social-démocratie. Il a accepté les nationalisations, il a géré l’éducation comme on doit la gérer pour que Moody’s te trouve sympa. Et aujourd’hui, il nous explique qu’il va faire tout le contraire. J’ai cherché : il n’est pas allé à Damas (pour les coincés, c’est pas une référence à Bachar Al-Assad).

Tiens, prends la Marine-candidate. Elle a été élevée avec les sous que Papa tirait de la vente de chants nazis. Pas grave, dans nazi, y’a socialisme et amour du peuple. Marine, elle fait tous les ans la bise à Jeanne d’Arc et elle enfile la robe de la laïcité. Cherchez l’erreur. He ben, non ! Personne la cherche. L’histoire de Marine, tout le monde s’en tape. Ce qui compte, c’est ici et maintenant.

Ça porte un nom. La Mini comme le candidat. Ça s’appelle : prendre les gens pour des cons. Savoir que la désinformation compte plus que l’information. Tous les conseillers en communication (les spin doctors, pour faire chic) le savent. Je suppose qu’il y a parfois quelqu’un pour dire « On peut pas dire ça » et qu’un jeune mec de noir vêtu (les spin doctors affectionnent le noir) va répondre « Mais si, on s’en fout ». On est dans l’empathie pas dans le rationalisme, on baigne dans le quotient émotionnel. On a déjà parlé de ça (cherchez dans les archives du blog le billet Emile et Adolf ou le texte sur Séguéla).

Prendre les gens pour des cons, c’est juste ça : parler à leurs tripes plus qu’à leur cerveau. Nier tout ce qui fait d’eux des hommes et pas des animaux : leur capacité de mémoire, leur possibilité de réfléchir, le contrôle des sentiments et des pulsions, la manière de discriminer et de juger ce qui est important et secondaire. Prendre les gens pour des cons, c’est le comble du mépris. Mépris affiché par des gonzes qui brandissent l’humanisme comme un drapeau alors qu’ils se moquent de tout ce qui fait l’Homme.

On en reparlera…

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