lundi 18 octobre 2010

SEGOLENE ET LES CLASSIQUES

Juste une question : tu préfères Ségolène Royal ou Victor Hugo ? Ho, c’est con, ta question. C’est pas pareil. Question barbe ou gambettes, c’est vrai que c’est pas pareil. On peut pas confondre la Madone du Poitou et le Prophète de Guernesey.

La polémique autour de l’appel ségolénien (c’est mieux que royaliste, pas vrai ?) et la pathétique tentative d’explication de la donzelle façon « c’est pas ce que j’ai voulu dire » m’a affligé. A cause des Misérables. Il est vrai que ce monument de la littérature n’est plus qu’une comédie musicale anglaise que les critiques encensent, vraisemblablement parce que toute charge politique en a été ôtée.

Dans les Misérables, il y a une icône : Gavroche. Un môme de quatorze ans qui va se faire flinguer sur les barricades des Trois Glorieuses. Une icône de la République, une icône des valeurs républicaines, un symbole des luttes qui ont construit notre histoire. Un môme qui meurt sous les balles réactionnaires en invoquant Voltaire et Rousseau, la France des Lumières.

Au nom de Gavroche, les mômes des lycées, ils ont le droit de manifester. C’est Gavroche qui leur offre ce droit. Gavroche et Hugo. Tous les censeurs, tous les critiques, tous ceux qui se sont acharnés sur Chabichette ont, dans le même temps, craché sur Gavroche, craché sur Hugo.

Au nom de Gavroche, les mômes, ils ont le droit de descendre dans la rue. Ils ont le droit de participer à la vie de leur pays. J’entends avec effroi, les mêmes réflexions que je recevais dans les dents, voici quarante ans. « Ferme ta gueule, t’as pas le droit de vote » (je rappelle qu’à l’époque, la majorité électorale c’était 21 ans). Eh, bouzigue, c’est bien parce que je pouvais pas m’exprimer avec un bulletin que j’avais choisi les pavés. Comme Gavroche.

Y’a pas à discuter, à se poser des questions, à se demander quoi et qu’est-ce. Gavroche suffit. Il est l’explication totale, la justification suprême. Si tu refuses Gavroche, tu as choisi ton camp.

Remarque, Ségolène, peut être qu’elle lit surtout Marc Lévy. Va savoir…

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